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samedi 18 avril 2020

Les dessous des dessins d'égouts

Pour prolonger l'article d'hier, je saisis l'occasion ici de mettre en lumière quelques cafés ou salons de thé dans lesquels j'ai pu réaliser les dessins présentés. Ces cafés, parisiens ou japonais, ont été fréquentés avec une relative assiduité, ce qui m'a permis, selon les obligations du moment, de corriger des copies, dessiner, écrire des cartes postales ou un carnet de voyage... Si je me permets de leur faire un peu de publicité, c'est parce que depuis le début du confinement, ils sont tous fermés pour une durée indéterminée, et donc dans une situation très délicate. Je souhaite à toutes les personnes qui y travaillent de surmonter cette épreuve en bonne santé, et de pouvoir retrouver leur activité au plus vite. C'est donc parti pour partager quelques bons plans, là encore en toute subjectivité: les coups de cœur ne relèvent pas de la raison!
Lorsqu'on vit à Paris, il y a tout de même la possibilité de retrouver l'atmosphère et les saveurs du Japon. Pour cela, il suffit de se rendre chez Aki:
La fermeture pendant cette période printanière nous prive de la spécialité de la saison, le fameux sakura-latte, aussi beau que bon... J'y ai surtout passé du temps pour corriger des copies, accompagnée des sourires de la maison, ce qui est un bon encouragement.
Une autre option consiste à se rendre chez Umami:
Du matcha au goma-latte, tout est préparé avec une touche artistique et servi avec un mot gentil. Là aussi, j'y ai corrigé pas mal de copies, et je me demande bien comment je vais pouvoir corriger les prochaines!
Côté japonais, les cafés sont des étapes reposantes lors de longs périples, souvent en pleine chaleur. On peut commencer avec la ville de Kyōto, qui regorge de bonnes adresses. Sans sortir de la gare, je recommande Ciao Presso:
C'est un café assez classique, mais le maiko-cappuccino a tout de même un charme particulier. C'est un passage obligé lorsqu'on arrive dans la ville!
Moins fréquenté, KissaMaster est un havre de paix:
Assis sur un tatami face à un petit jardin japonais, on pourrait rester en contemplation pendant des heures, loin du tumulte de la ville, pourtant si proche.
Pour les amateurs de thé, version traditionnelle, Kanazawa offre quelques bonnes adresses aussi. En particulier, la maison Morihachi propose tout le raffinement de la cérémonie du thé:
Là encore, on a l'impression de se retrouver hors du temps, hors du monde; et il paraît impensable que cette bulle de tranquillité soit rattrapée par la réalité d'un virus.
Du côté d'Onomichi, il y a UNE adresse à retenir, c'est le Latte Heart Cafe:
J'ai envie de dire que tout est dit dans le nom; mais en fait, c'est plus que ça. En pratique, je n'avais jamais vu un matcha-latte aussi incroyable. Et je suis heureuse d'avoir pu faire la connaissance de Mimi-San, qui restera comme une des belles rencontres dans ce pays:
Les meilleurs observateurs auront noté que sa dernière réalisation s'inspire largement de la plaque d'égout de Hiroshima, avec un joueur de l'équipe de base-ball!
Sur l'île d'Ogijima, le café Damonte & Co. a réussi à redonner un peu de jeunesse à un village vieillissant:
Je suis particulièrement attachée à ce café, où tout est bio et fait maison, pour une raison très personnelle: ma nièce est née pendant que j'étais assise là. De plus, j'ai appris que le couple qui tient ce café est actuellement très mobilisé pour fournir en pain et autres produits les habitants de l'île et au-delà. De belles personnes là aussi.
Sur l'île toute proche de Manabeshima, le Motoe Café permet de faire une pause appréciable:
Dans l'atmosphère surchauffée de l'île, la fraîcheur et l'ambiance familiale de ce café font que l'on se sent bien instantanément.
Et pour finir, impossible de faire l'impasse sur la capitale, Tōkyō. Bien évidemment, les bonnes adresses y sont nombreuses, mais on peut retenir au moins celle-ci, le Café Miki:
C'était le point de départ d'un séjour, avec une réflexion sur l'itinéraire des semaines à venir... Espérons que l'expérience se renouvelle bientôt!
Voilà pour cette petite sélection... Votre ambiance chaleureuse nous manque: on pense à vous et on espère vous retrouver bientôt! Vous pouvez compter sur moi pour revenir dès que possible... ;-) 頑張ってください!

vendredi 17 avril 2020

Dessins d'égouts

Cette période de confinement est l'occasion de faire du tri dans les photos et autres gribouillis qui traînent dans les carnets... Et j'ai retrouvé quelques petits dessins de mes plaques préférées. Il s'agit donc d'une sélection totalement subjective (ça, ça ne change pas), et sans véritable logique géographique (ça change un peu plus). Plusieurs de ces plaques figurent déjà sur ce blog, mais il s'agit cette fois-ci de dessins et non de photos. Pour entrer sur le territoire japonais, on peut commencer par la plaque de Narita, le gros aéroport international du pays:
Si cet aéroport offre déjà un bon aperçu des charmes du Japon, il est aussi une frontière très surveillée en ces temps de pandémie. Si on a la chance de passer le sas de la quarantaine et du douanier désœuvré qui va fouiller votre sac histoire de tuer le temps avant de vous complimenter pour la couleur de vos chaussettes (oui, il a rarement trouvé plus intéressant dans mon sac à dos), on a alors accès au reste du pays et à un trésor d'imagination en matière d'égouts. Autour de Tōkyō se trouvent de nombreuses plaques assez jolies, en particulier celles relatives à des personnages emblématiques et mondialisés. Par exemple, à Katsushika, figure la plaque Kiki, ou Monchhichi pour les intimes:
Un peu plus loin, à Tama, on retrouve la fameuse plaque Hello Kitty:
Elle existe dans d'autres couleurs, mais je n'ai pas décliné toutes les versions... En s'éloignant un peu de la mégapole, on arrive dans la région du Fuji-San, qui est intéressante aussi en la matière. C'est d'ailleurs sûrement dans la ville de Fuji que se trouve une des plaques les plus célèbres du pays, avec la légende de la princesse Kaguya (appelée aussi Conte du coupeur de bambou), datant du X° siècle:
Cette plaque est tellement réputée que j'ai pu en acquérir le tee-shirt:
Le jeune homme à qui j'ai demandé de faire la photo n'a pas semblé comprendre ce qu'il y avait d'étonnant sur cette image... Les pentes du Fuji-San sont en partie occupées par des plantations de thé, notamment du côté de Kikugawa:
Malheureusement, je n'ai jamais pu voir en vrai ces versions en couleurs; elles seraient seulement exposées dans la station d'épuration et/ou la mairie de la commune. Je n'ai vu que la version monochrome. Pour rester dans la thématique du thé, la commune d'Ujitawara, à proximité de Kyōtō, offre une des plus belles plaques du pays:
Il existe même une version encore plus jolie de cette plaque, dont le dessin est entouré par un cœur. Dans la même région, on peut trouver la plaque de Kumiyama, dans la banlieue de Kyōtō, sur laquelle une grenouille plonge dans l'eau au milieu de fleurs de cerisiers:
Il y a aussi une plaque qui doit se trouver du côté de Nagoya, mais que je n'ai jamais vue en vrai, et qui représente le parc Lego:
De nombreuses plaques mettent aussi en scène un animal local emblématique. La ville de Shimonoseki montre ainsi le fugu, ou "poisson-globe", célèbre poisson empoisonné:
Plus spécifique encore, le kabutogani, ou "limule", est le symbole de la ville de Kasaoka. Sur les plus petites plaques, le kabutogani est représenté de façon stylisée:
Mais la grande plaque qui trône devant la gare (sortie nord, pour ceux qui voudraient faire une visite) présente un dessin beaucoup plus précis de cette petite bête:
Là aussi, j'ai craqué pour le tee-shirt:
Et là, contre toute attente, ce tee-shirt a été très remarqué et m'a valu quelques discussions enflammées: le kabutogani a visiblement pas mal de fans au Japon... à moins que les égouts ne deviennent un sujet à la mode?

dimanche 5 avril 2020

Onagawa, village ressuscité

Le petit village d'Onagawa n'est pas très connu, mais tout le monde a au moins entendu son nom lors d'une triste occasion: il fait partie des zones dévastées lors du tsunami de 2011... Il s'agit en effet d'un village de pêcheurs, situé sur une côte fortement exposée, et qui a été lourdement endeuillé. Mais c'est aussi un village qui nous montre aujourd'hui une formidable capacité de résilience. Les plaques locales offrent d'ailleurs une vision tout à fait valorisante du village:
Au-delà de l'image, à laquelle on peut rattacher de nombreuses symboliques positives, le texte évoque un "port vibrant et animé". Une autre plaque représente la mascotte de la ville, qui met en lumière son activité traditionnelle de pêche:
Dans ce village durement éprouvé, il faut aussi rendre hommage aux pompiers:
Dans un si petit village, il est difficile de ne pas ressentir le poids de la terrible catastrophe qui s'est déroulée il y a quelques années... Par exemple, le cimetière, pas très grand mais assez central, montre que le deuil est encore bien présent:
Les visiteurs sont nombreux, mais cela s'explique aussi par la date: la photo est prise le 15 août, jour où les Japonais commémorent leurs ancêtres défunts (l'équivalent de la Toussaint pour les Chrétiens). Dans ce village comme ailleurs, les pêcheurs comptent une grosse proportion de victimes dans le bilan global de la catastrophe. En effet, les villages de pêcheurs sont situés dans les zones les plus vulnérables face aux tsunamis, tandis que les autres activités (et catégories sociales) sont installées à l'intérieur des terres, dans des zones moins sensibles.
Le bord de mer porte aussi la trace des destructions, et un chantier est encore en cours pour réaménager les infrastructures portuaires:
Même si des informations m'ont sans doute échappé, il me semble qu'un bâtiment détruit et renversé a finalement été maintenu pour la mémoire du 11 mars 2011:
Je ne sais pas de quel bâtiment il s'agissait à l'origine, mais ce qu'il en reste témoigne de la puissance de la vague qui a dévasté tout le littoral. Mais en matière de résilience, il semble logique aussi de montrer ce qui a été reconstruit, en tirant les leçons de la catastrophe: 
On peut voir au premier plan que beaucoup de personnes sont encore logées dans des préfabriqués. Toutefois, délicatesse japonaise oblige, ces bâtiments, certes précaires, sont conçus dans des teintes pastel: cela n'efface pas les blessures, mais la douceur des couleurs joue sans doute un peu sur le moral. Le second plan montre le nouveau village, avec des bâtiments neufs et en dur, sur les hauteurs: en cas de nouveau tsunami (puisqu'on ne sait pas supprimer cet aléa), les maisons sont désormais hors d'atteinte de la vague. Mais le meilleur symbole de cette renaissance est sûrement le kōban (poste de police), un modèle de quiétude:
Espérons que l'avenir d'Onagawa sera davantage empreint de sérénité!