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mardi 23 décembre 2014

Kawagoe, "Little Edo"

Située au nord de Tōkyō, Kawagoe est souvent surnommée la "Petite Edo" ou en japonais "Koedo" (Edo étant l'ancien nom de la géante Tōkyō), car ses ruelles conservent le charme de l'ancienne capitale, entre le XVII° et le XIX° siècle. Les plaques annoncent tout de suite la couleur, avec l'architecture traditionnelle de la ville:
D'autres plaques, selon les quartiers, abordent davantage la question de la nature:
Une autre, enfin, joue sur le côté festif et religieux:
La Cloche du Temps (Toki no Kane) est le monument emblématique de la ville, au point de figurer sur les égouts:
Ce clocher à 3 étages, qui date du début du XVII° siècle, a dû (comme beaucoup d'édifices au Japon) être reconstruit en 1894, à la suite d'un incendie. Haut de 16 mètres, il sonne toujours 4 fois par jour (à 6, 12, 15 et 18 heures), et ce depuis des siècles, ce qui explique sa valeur symbolique. Le clocher se trouve dans une petite rue perpendiculaire à l'artère centrale de Kawagoe, la rue Kurazukuri:
Cette rue est le cœur touristique de la ville, ce qui lui vaut son surnom de "Little Edo". En effet, c'est autour de cette rue principale que se concentrent les maisons à l'architecture traditionnelle, comme on n'en trouve plus tellement à Tōkyō. En pratique, sur un plan économique, ces bâtiments sont consacrés à des boutiques d'artisanat: la société de consommation n'est jamais bien loin... On peut y dénicher un peu de tout (fabriques de couteaux et de sabres, brasseries, etc.), et beaucoup de n'importe quoi, à l'image de cette boutique spécialisée dans les figurines en forme de grenouille, de toutes les couleurs et de toutes les tailles:
Une ruelle du quartier, nommée Kashiya Yokochō ("Allée des Friandises"), est relativement attractive. On y trouve de nombreux marchands de confiseries, souvent à la patate douce, à des prix très abordables (souvent moins de 50 Yens). Par exemple, on peut y trouver des faux bentōs en bonbons:
Les confiseurs rivalisent d'ingéniosité dans cette rue où la concurrence doit être rude. Sur un plan plus spirituel, Kawagoe est aussi réputée pour ses nombreux temples et sanctuaires. Un des plus célèbres est probablement le temple Kita-In:
Ce temple est connu pour abriter plus de 500 statues de Rakan, les disciples de Bouddha. Si le nombre est impressionnant, la promenade dans ce temple est surtout agréable pour la fraîcheur qu'apporte l'ombre des érables: même dans la banlieue de Tōkyō, Kawagoe offre un moment de calme et de sérénité très appréciable.

vendredi 28 novembre 2014

Yokohama, ville et port

Yokohama, dans la baie de Tōkyō, est devenue en 1980 la seconde ville japonaise par sa population. Loin d'être une simple banlieue-dortoir de la capitale, la ville affiche un réel dynamisme, dont le port est le moteur. La plaque de la ville ne s'y trompe pas:
La grandeur historique du port est aussi glorifiée:
En effet, c'est à Yokohama que le commodore américain Matthew Perry débarque avec sa flotte en 1853, avant de forcer le gouvernement japonais à signer une convention d'ouverture du Japon au commerce avec l'Occident en 1854, terminant ainsi la période de Sakoku (fermeture du pays depuis 1641). Le port de Yokohama ouvre officiellement en 1859, comme le montre la plaque précédente, installée en 2009, pour fêter les 150 ans de l'événement (oui, car les plaques ont aussi une fonction commémorative). Aujourd'hui, le port conserve de l'architecture de l'époque ses entrepôts de brique rouge:
Pour le reste, la ville et le port se sont bien modernisés. Par exemple, la première plaque montre le Yokohama Bay Bridge, emblématique de la ville:
Ce pont autoroutier, long de 860 mètres et mis en service en 1989, fait partie du dispositif permettant de traverser la baie de Tōkyō. Le quartier qui fait face à ce pont est celui de Minato Mirai 21, quartier de gratte-ciel ultra-modernes:
Ce projet d'aménagement, créé dans les années 1960 pour faire face aux besoins croissants de logements à proximité de Tōkyō, aurait pu n'être qu'une banlieue-dortoir, fort bien connectée à Tōkyō par un réseau de transports dense et efficace. Mais grâce à une architecture recherchée et intégrant des normes environnementales, ainsi qu'à une politique volontariste, Yokohama est devenue une ville véritablement attractive. À Minato Mirai 21 se sont construits des musées, le stade qui a accueilli la finale de la Coupe du Monde de Football en 2002, des gratte-ciel comme la Landmark Tower, restée longtemps la plus haute tour du Japon; de plus, des sièges sociaux prestigieux se sont implantés à Yokohama, comme Nissan, donnant une réelle dynamique à la ville. Non loin de là, se trouve un quartier à l'ambiance bien différente, le Chinatown:
Ce Chinatown, le plus grand d'Asie (hors de Chine, évidemment), permet de se plonger dans une culture et une gastronomie différentes du reste de la ville et du Japon. Par exemple, les vitrines des restaurants n'hésitent pas à présenter des mascottes comme le nikuman ou kakuni-manjū, brioche à la vapeur farcie à la viande de porc:
Mais à Yokohama, une autre spécialité est incontournable, le sukiyaki, sorte de fondue au bœuf et aux légumes:
Convivial et familial, ce plat est néanmoins plus apprécié en plein hiver... Pour la légèreté, la gastronomie de Yokohama se rapproche de celle de la ville avec laquelle elle est jumelée: Lyon!

jeudi 6 novembre 2014

Le Mont Aso, plus grande caldeira du monde

Le mont Aso (1592 mètres), situé au centre de Kyūshū, est un des volcans actifs les plus dangereux du pays. Il est aussi connu pour présenter la plus vaste caldeira au monde: il s'agit d'un vaste cratère circulaire, provenant de l'effondrement d'un volcan lors d'une éruption antérieure; à l'intérieur se trouvent plusieurs cratères, plus petits. Ici, la caldeira mesure environ 20 kilomètres de diamètre. La commune d'Aso, au nord de la caldeira, ne présente pourtant le volcan qu'à l'arrière-plan de sa plaque, après des activités plus agricoles:
À Minamiaso, qui, comme son nom l'indique, se trouve au sud de la caldeira, ce sont les sources volcaniques qui sont mises en valeur:
Un peu plus à l'est, la ville de Takachiho insiste elle aussi sur ses sources et ses rivières:
Une partie de ces plans d'eau appartient à un sanctuaire:
Dans la caldeira du mont Aso, le cratère le plus dangereux est le Nakadake:
Le lac acide, vert, bouillonne sous l'effet de l'activité permanente du volcan et laisse échapper d'importantes fumerolles, qui sentent le soufre, donc pas très bon. Le soufre, qui est réputé pour un certain nombre de vertus, fait l'objet d'un commerce intense au bord du cratère:
Je ne suis pas sûre que ce commerce soit très florissant, à en croire le profond dodo du vendeur, en plein milieu d'une journée d'affluence... Afin de protéger la population d'éruptions violentes, de nombreuses installations sont destinées à surveiller le volcan et à informer les visiteurs; c'est aujourd'hui le voyant bleu, tout va bien:
Autre méthode de protection, des offrandes sont aussi offertes aux Kamis locaux:
Toujours dans la même caldeira, mais d'aspect beaucoup plus paisible, le Komezuka trône au milieu de la verdure:
Les limites de caldeira sont visibles à l'arrière-plan, derrière le cratère. C'est au sud de la caldeira que la rivière Shirakawa prend sa source:
En gros plan, il est possible de voir des petites bulles remonter à la surface:
Un tout petit peu plus loin, à Takachiho, une autre rivière s'écoule dans des gorges abruptes:
La rivière traverse ensuite des bambouseraies, qui profitent pleinement de la chaleur et de l'humidité des lieux:
Plus loin, elle passe dans une sorte de grotte, qui abrite le sanctuaire Amanoiwato:
Bien que proche du feu du volcan, c'est l'eau qui est ici omniprésente: rivière, flaques, brume, pluie... La visite se déroule donc dans une ambiance quelque peu humide; pour être plus précise, je n'aurais pas été plus trempée si j'avais sauté habillée dans une piscine, et mes chaussures, traversées par des torrents d'eau, ont fini par rendre l'âme. Mais d'un autre côté, après plusieurs jours de canicule, cela faisait presque du bien de trouver un peu de fraîcheur! C'est pourquoi, lorsque NHK Radio Japan, en reportage dans ce coin un peu perdu, a voulu m'interviewer (il fallait s'y attendre: une étrangère dans un endroit pareil, la bonne aubaine) et me demander comment je trouvais cet endroit, j'ai brillamment replacé cette citation de George Clooney (oui, oui!): "kimochi ii"! J'étais assez fière de caser avec tant d'aisance et d'esprit d'à propos une citation aussi complexe, mais la journaliste ne semblait pas avoir vu la  série de publicités (peinture, pop-corn, lancer, arc-en-ciel)... Bref, ce ne fut pas le succès escompté. En traversant la caldeira, on voit assez nettement ses limites, et on réalise surtout que le volcan abrite des zones rurales et les sépare de l'urbanisation (même si on compte environ 100 000 habitants autour des cratères):
Les vaches n'occupent pas que le paysage, mais aussi les assiettes, puisqu'il existe un gyūdon local délicieux:
Et comme les vaches sont rares et donc bichonnées, la viande est excellente, mais hors de prix!

samedi 25 octobre 2014

Uji, ville du matcha

Peu de personnes connaissent le nom d'Uji, mais tout le monde en connaît la spécialité: le matcha, c'est-à-dire le thé vert en poudre, très apprécié au Japon. Pour la peine, les feuilles de thé sont mises en valeur à travers un motif géométrique:
Mais d'autres plaques montrent plutôt l'architecture de la ville, tout en bois:
Juste à côté se trouve la ville de Kumiyama, qui semble plus célèbre pour ses petites grenouilles bondissantes:
Les fleurs y sont aussi très présentes:
Toutes ces communes, bien que dans la banlieue de Kyōto, sont largement tournées vers les activités agricoles: rizières, plantations de thé, vergers... Les fermes sont nombreuses et relativement cossues:
Comme les Japonais aiment soigner les détails, les toits des fermes ne dérogent pas à la règle. Certains sont en effet ornés d'espèces de gargouilles:
D'autres fermes sont surveillées par de mignons petits oursons:
Dans la région, l'agriculture est favorisée par la bonne qualité des sols et de l'eau. Les productions agricoles sont ainsi variées et excellentes. Les conditions naturelles ne sont pas les seules responsables; le soin apporté par les agriculteurs explique aussi l'aspect parfait des fruits:
Les pêches, emballées une à une dans du papier journal sur l'arbre, afin de les protéger des intempéries, se vendent ensuite à prix d'or, comme presque tous les fruits au Japon:
Heureusement, les pêches de Fukushima ("pleines de vitamines"), dont la publicité est florissante, sont sans doute disponibles à des prix plus intéressants:
Mais revenons à ce qui fait la gloire d'Uji: le matcha. Le thé est cultivé dans des plantations assez petites; la qualité prime sur la quantité:
Comme pour les vins français, les terroirs donnent des thés de plus ou moins grande qualité, pour les palais les plus avertis, et des prix plus ou moins élevés, pour les porte-monnaie les plus inquiets. Le thé est véritablement emblématique de la région, allant jusqu'à décorer les boîtes aux lettres officielles de la ville d'Uji:
Pour se familiariser avec son goût, un peu particulier (amer) pour des Occidentaux, Kitkat peut encore une fois offrir une initiation:
Mais pour les puristes, et de façon plus classique, le thé matcha se déguste avant tout sous cette forme:
Cette préparation est obtenue lors de la cérémonie du thé (cha no yu), très codifiée, qui se pratique à travers tout l'archipel. Mais c'est à Kyōto que l'on peut accéder le plus facilement à ce moment typiquement japonais:
Le décor, l'ambiance et les gestes préparent à la dégustation du thé. Les accessoires utilisés donnent une idée de la complexité de la cérémonie, qui peut durer jusqu'à 4 heures:
Mais la cérémonie du thé ne se raconte pas: elle se vit! À vous de tester... :-)

jeudi 9 octobre 2014

Miyakojima, île capitale pour les centenaires

L'île de Miyako, appartenant à l'archipel d'Okinawa, est réputée pour sa douceur de vivre. En particulier, l'île est connue pour être la région du Japon où se concentrent le plus de centenaires: les personnes âgées y vivent en bonne santé et, dit-on, heureux. Lors d'une visite dans le coin, plusieurs éléments témoignent d'un certain bien-être. Dans le village de Hirara, c'est le triathlon qui est considéré comme l'événement le plus important:
Le village voisin de Shimoji met en avant les balades à cheval sur la plage:
À proprement parler, Miyako n'est pas exactement une île mais un archipel (seule l'île principale s'appelle Miyako). Il y a quelques petits îlots très proches, comme Kurimajima, au sud:
À l'ouest se trouve Irabujima:
Ces îles ont un aspect relativement sauvage, mais elles sont très bien connectées à Miyako par des petits bateaux, ou même par la route dans le cas de Kurimajima:
Les littoraux de l'archipel peuvent aisément être parcourus à pied ou à vélo; la première option semble toutefois surprendre les Japonais, peu enclins à la marche, mais elle a le mérite de faire découvrir une grande variété de paysages. Après ces petites îles, on peut ainsi partir explorer la mangrove, très bien aménagée pour les visiteurs:
La balade est d'ailleurs très rassurante, puisque Miyako est connue pour être la seule île de l'archipel d'Okinawa à ne pas accueillir sur son sol le fameux serpent habu, extrêmement venimeux. C'est donc en toute quiétude que j'ai enduré l'alternance entre soleil de plomb et grosses averses: au moins, pas de mauvaise blague rampante... En revanche, de nombreuses espèces cohabitent dans la zone, comme des araignées gigantesques, des mini-crabes, ou encore ce drôle de bernard-l'ermite:
Non loin de là se trouve la plage Maehama, réputée pour être l'une des plus belles de l'île, face à Kurimajima:
L'île, très plate, est propice à l'agriculture, notamment celle de la canne à sucre, la plus répandue ici:
L'aloe-vera est aussi cultivé sur certaines parcelles:
Même si je n'ai pas vu les cultures, l'île produit aussi de nombreux fruits tropicaux, dont l'ananas et plusieurs variétés de mangues. Pourtant, lorsque j'en ai vu sur un marché, le prix, prohibitif, ne m'a pas donné envie d'y goûter:
Miyako est aussi le lieu de production d'un sel de grande qualité, renommé dans tout le Japon. Plusieurs mets s'appuient sur cette spécialité, dont une glace au sel de mer:
Accompagnée d'un chinsukō (biscuit sablé d'Okinawa) et saupoudré de sel au matcha (vert) et à l'hibiscus (rouge), cette glace est, au-delà de l'effet de surprise, un vrai régal. Parfois cultivées, parfois sauvages, les fleurs sont très nombreuses à Miyako, et parmi elles, l'hibiscus tient une bonne place. Il se décline dans toutes les couleurs:
Le dernier, de couleur orange, est le plus rare, et il est emblématique de l'île. Les bougainvilliers, même si Miyako n'en a pas l'exclusivité, sont aussi magnifiques:
Si Miyako peut apparaître comme l'île des fleurs, elle n'en est pas moins l'île dans laquelle j'ai trouvé la plus grande variété et la plus grande originalité de Shīsās. En témoigne ce petit échantillon, avec le Shīsā alcoolisé, le Shīsā aux yeux de verre (presque effrayant), le Shīsā musicien avec son sanshin, ou encore les Shīsās réalisés à partir de coquillages et de coraux:
Parmi les curiosités locales, qui seraient trop nombreuses pour être toutes mentionnées ici, on pourra retenir cette petite maison, dissimulée derrière la végétation:
Miyako est ainsi une petite île où il fait bon vivre, et dans laquelle on aimerait s'attarder; quitte à devenir centenaire, autant passer du temps dans un endroit aussi charmant! À l'heure de quitter l'île, à regret, pour de nouveaux horizons, le personnel de l'aéroport vient saluer les passagers de l'avion, comme il est coutume de le faire au Japon:
En espérant y revenir bientôt!