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samedi 3 octobre 2015

Tama, ville de Hello Kitty

J'ai longtemps hésité avant d'écrire des lignes sur ce haut-lieu culturel, et puis tant pis, allons-y... Plutôt que de la visite touristique et/ou culturelle, la promenade se transforme rapidement en séance d'observation sociologique: de ce point de vue, ce n'est pas totalement inintéressant. Mais il faut pas mal de recul, donc. Ces précautions étant affichées, voici le sujet: c'est le parc d'attractions Puroland, à Tama, dédié à Hello Kitty. Hé oui... Bon, mais ça existe, alors il faut savoir à quoi ça ressemble, non?
Pour commencer, la visite a toute sa place sur ce blog, puisque, même si le site n'est pas bien loin de Tōkyō, les trajets en train ne sont pas directs, et les correspondances permettent de découvrir quelques plaques au passage. Parmi les itinéraires possibles, on peut changer de train à Hachiōji. La ville propose une plaque avec des motifs traditionnels:
Une autre plaque présente un design plus classique:
Une autre encore annonce les événements sportifs de la région:
Selon un autre itinéraire, la correspondance peut se faire en gare de Sagamihara. Là, les plaques insistent sur les arbres et les fleurs (hortensias):
D'autres plaques sont identiques à celles trouvées à Kamakura:
Elles ont déjà été vues dans un précédent article ici; et désolée pour mon ombre, je n'ai pas réussi à faire mieux ce jour-là... Une autre plaque, enfin, fait la promotion de la propreté auprès des citoyens:
En arrivant à Tama, la première impression est plutôt décevante:
En cherchant bien, on finit par tomber sur des plaques plus élaborées:
Cependant, il ne faut pas s'attendre à trouver des paysages aussi bucoliques dans la réalité. On comprend très vite que l'on arrive "chez" Hello Kitty, et que c'est ce personnage qui donne le ton à tout le centre-ville. En revenant sur les lieux au bout de quelques années, il faut bien constater que la ville a fait un véritable effort sur les plaques, puisque la célèbre figurine est enfin présente sur les plaques:
Et pour diversifier encore un peu les choses, de nouvelles plaques ont fleuri dans d'autres quartiers:
Pour annoncer la couleur (rose) tout de suite, l'arrivée à la gare est révélatrice:
Après avoir passé les portiques, on consulte le plan, qui confirme cette première impression, puisqu'il s'agit du plan de la "ville d'Hello Kitty":
Il ne faut donc pas chercher autre chose lorsque l'on vient à Tama, que ce soit bien clair! La rue principale a effectivement un aspect de ville de poupées en carton-pâte:
Au-delà de l'aspect aseptisé, on réalise aussi rapidement que l'on est plongé dans le royaume de la consommation. Là encore, ce sentiment se confirme très vite pendant la visite. Au bout de la rue, on devine le temple dédié à Hello Kitty, le spot touristique qui draine tous les visiteurs (ou plutôt, toutes les visiteuses):
Contrairement à la plupart des parcs d'attractions européens, celui-ci présente une particularité: ce n'est pas un parc mais un bâtiment, totalement fermé. J'en soupçonne les raisons: ce n'est pas pour se mettre à l'abri des aléas climatiques, mais plutôt pour perdre la notion du temps (qu'il fait, ou qui passe surtout), et dépenser son temps et son argent sans s'en rendre compte. Je suis peut-être négative, mais l'absence de fenêtres et le décor, en partie en sous-sol, exclusivement consacré à Hello Kitty, sont tout de même perturbants:
Et quand je dis que tout le décor est marqué, c'est vraiment tout le décor. Le panneau indiquant la direction des toilettes m'a intriguée:
Du coup, je suis allée jusqu'au bout, et je n'ai pas été déçue:
On ne le voit pas d'ici, mais même le papier-toilette est à l'effigie d'Hello Kitty... Si, si! Mais ne restons pas aux toilettes, il y a quand même tout un bâtiment à découvrir. Non loin de là, on découvre des décors typiquement japonais, mais revisités façon Hello Kitty, à l'instar de ce Jizō:
C'est tellement réaliste que je me prends au jeu et accepte de prendre la pose pour la cérémonie du thé (ne manquez pas la théière):
Mais mon élan s'est vite calmé lorsque j'ai compris que je n'avais pas revêtu la tenue réglementaire pour venir là. En effet, les visiteuses portent généralement des tenues de circonstance:
Compte tenu de l'âge, parfois avancé, de ces personnes déguisées, mais de leur attitude très sérieuse, j'ai subitement changé de regard sur cette ambiance: d'intriguée, je suis devenue un peu inquiète... Je réalise aussi une différence majeure par rapport aux parcs d'attractions habituels: ici, on paye le billet d'entrée, mais ensuite, tout est payant! Enfin, pas les toilettes, quand même... Et une (seule) attraction, à mentionner: l'espèce de petit train qui fait le tour du bâtiment. Faute de mieux, et après 20 minutes de queue, j'ai testé THE attraction. Et là, on découvre tous les personnages de l'entreprise Sanrio, qui gravitent autour de Kitty:
Pour les ignorants, voici l'arbre généalogique de la famille Hello Kitty:
Il faut sans doute réviser un peu pour percevoir toutes les subtilités de ce parc. Une grande partie du parc est consacrée à la restauration. Même sans consommer, la cantine Hello Kitty vaut le coup d'oeil. Déjà, le personnel porte l'uniforme local:
Mais on peut aussi manger des spécialités très locales. Qui veut du curry Hello Kitty?
Et pour le dessert, une choco-banana Hello Kitty?
Une autre aile du bâtiment est consacrée à la boutique des produits dérivés. Et là, on trouve tous les produits dérivés possibles et imaginables; voire bien au-delà de l'imagination. Pour apprendre la géographie du Japon, on peut réviser sur la carte Hello Kitty, en puzzle, qui présente les spécialités régionales:
Dans un autre genre, pour les plus motivé(e)s, il existe aussi les sous-vêtements Hello Kitty:
Pour ceux qui seraient tentés de croire que le phénomène ne touche qu'un marge de la population, sachez quand même que le groupe Smap (oui, Smap!!!) a donné un concert pour fêter les 40 ans d'Hello Kitty:
En ressortant du magasin (les mains vides, est-il utile de le préciser?), je découvre un cours/spectacle de "danse classique":
Concrètement, les mamans (subjuguées et vêtues de rose) font déguiser leurs petites filles (visiblement moins concernées) en tutu rose, tandis que les papas filment. Sur des extraits de Casse-Noisette, une fausse prof de danse classique (qui a manifestement autant de notions de danse classique que moi de boxe thaïe) leur "enseigne" les bases de la danse, avec les pieds en-dedans comme on aime. Ça fait mal. Et la "prof" se fait payer. Je n'ai pas vu les tarifs, mais j'ai vu une petite fille, qui ne portait pas le tutu rose de rigueur, tenter de rejoindre le groupe; une dame-vigile est venue l'éloigner, gentiment mais fermement. La piste de danse se vide ensuite pour laisser place au clou du spectacle, le défilé de Kitty et ses ami(e)s:
Après avoir respectueusement observé et applaudi leurs idoles, les groupies sont autorisées à rejoindre la piste pour se mêler à la famille Hello Kitty. Et c'est là qu'on retrouve nos copines du début, surexcitées à l'idée de toucher leurs stars:
Bon, no comment... Je me suis juste dit que sous les costumes se cachaient des personnes anonymes, normales (peut-être un peu assommées par leur boulot chez Sanrio), et que les fans étaient peut-être assises à côté dans le train de retour à Tōkyō, sans les regarder... Retour en train, un peu abasourdie pour ma part.