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samedi 9 avril 2016

Dérivés d'égouts

Les égouts peuvent apparaître de prime abord comme un sujet déroutant... Il est vrai que la connotation du sujet est plutôt péjorative. Pourtant, au Japon, l'image que l'on associe aux égouts (aux plaques, du moins) est nettement plus valorisante: le fait que les plaques soient décorées et d'une telle variété y est sans doute pour beaucoup. Si le sujet semblait assez confidentiel jusqu'à une période récente, il connaît aujourd'hui un engouement bien réel. Et, dans l'empire de la consommation qu'est le Japon, les produits dérivés sont désormais légion; les publications sur le sujet se multiplient. Dès 2008, un article du Japan Times exposait déjà la situation: à l'époque, les égouts suscitaient surtout la curiosité des visiteurs étrangers. Depuis, les Japonais se sont emparés du sujet: un nouvel article du Japan Times informe de la mise en circulation de cartes à collectionner. Ça y est, c'est officiel, les Japonais sont devenus fans de leurs égouts! Pour ceux qui voudraient dénicher ces fameuses cartes de collection, l'entreprise qui les produit indique sur sa page les adresses de tous les musées des égouts où on peut les trouver... Bon, il faut lire le japonais, et être au Japon... Pour information, une première série de cartes est sortie le 1° avril dernier (non, ce n'est pas une blague); une deuxième série est prévue pour juillet. Pour rappel, une visite dans un de ces musées, à Nagoya, avait déjà fait l'objet d'un article. À cette occasion, le personnel m'avait offert ces magnifiques autocollants dorés:
Il va donc falloir y retourner... ;-) Parmi les autres endroits stratégiques, à Tōkyō, le café Kushamambe est spécialisé dans les égouts. Il faut bien viser pour les horaires d'ouverture, mais pour ceux qui sont intéressés, la visite vaut le détour. Ce café-librairie, tout petit, est tenu par un monsieur très sympathique et passionné. Comme j'étais la seule cliente (il faut avouer aussi que l'adresse n'est pas très facile à trouver, j'étais vraiment motivée), on a eu le temps de discuter et d'échanger quelques bons plans. En particulier, il m'a livré l'adresse de son site, qui recense et localise précisément de très nombreuses plaques, surtout au Japon mais aussi ailleurs dans le monde. Un outil précieux pour partir à la recherche de pièces rares... Il a aussi créé une application pour smartphone, qui peut aussi être très utile sur le terrain pour rechercher les plaques; mais je n'ai pas testé: je n'ai pas la bonne marque de smartphone, et au Japon, il faudrait une connexion au wifi, ce qui n'est pas le cas partout. En revanche, impressionné de voir quelqu'un venir d'aussi loin dans son café, mon hôte m'a offert un magnifique sac de sa confection, avec la plaque de Tōkyō:
Il ne se doute pas que c'est devenu mon sac à copies favori... Pour aller avec, il m'a aussi donné un médaillon avec la plaque de Tōkyō:
Il est très joli, mais l'usage est plus limité. La passion a aussi conduit ce savant (le mot n'est pas trop fort, il a réellement des connaissances inépuisables sur la question) à publier un ouvrage, avec ses amis:
L'idée est de mettre en parallèle les plaques avec leur équivalent dans la réalité:
Bon, il m'a un peu prise de vitesse sur ce coup-là: j'avais un album sous le coude sur le même thème... Depuis, j'ai cherché un peu plus, ce qui m'a permis de découvrir une encyclopédie des égouts du Japon:
Cet ouvrage, en japonais mais très complet, présente les plaques de tout le pays selon les thèmes (fleurs, oiseaux, châteaux...):
Ici, ce sont les feux d'artifice. Le petit texte correspondant explique où se trouve la plaque: département, commune, et la localisation plus précise si besoin, pour les plaques rares. Des précisions historiques sont aussi mentionnées, ainsi que des méthodes pour la recherche des plaques:
Là encore, la motivation donne des ailes: sur cette page, j'ai lu le japonais avec une facilité étonnante! Cela dit, j'avais déjà découvert empiriquement la plupart des astuces: le site de géolocalisation, les requêtes sur Internet, et les lieux stratégiques dans les villes (devant les gares et les mairies ou dans les galeries couvertes). Ce constat me rend d'ailleurs un peu perplexe... De même que le fait d'avoir reçu, de la part de diverses personnes, des produits dérivés multiples et variés. Entre autres, j'ai en stock une série de jetons pour caddies:
C'est plus chic qu'une pièce d'1 Euro! J'ai aussi des straps à accrocher au téléphone portable:
La taille et le poids sont cependant peu adaptés pour cet usage... Plus pratique, ce porte-clefs permet de frimer:
Bon, même si mon but n'est pas de faire de la publicité, à titre d'information, il faut savoir qu'il existe de très nombreux autres produits à base d'égouts sur ce site: serviettes, tee-shirts, et même paillassons sont imprimés avec des égouts! D'une façon plus générale encore, ce site répertorie tous les événements liés aux égouts: liens vers des produits dérivés, photos, sommets des égouts (si, si, ça existe); bref, une mine d'or! Enfin, il faut mentionner un autre livre, moins orienté sur la fantaisie des plaques, mais plein de poésie:
Comme quoi, les égouts, ce n'est pas si laid... :-)
Un livre:
Cathie Cotto, À côté de la plaque, 2010: enfin un livre en français!

vendredi 1 avril 2016

Le long de la côte du San-In

La côte du San-In fait partie de ce que l'on appelle parfois le "Japon de l'envers", c'est-à-dire le Japon à l'écart de la mégalopole et de ses fortes densités. C'est ainsi que l'on peut y trouver des sites plus préservés; à condition d'avoir un peu de temps pour les transports (le Shinkansen ne passe pas dans le coin). Sans faire toutes les étapes (ce qui prendrait beaucoup de temps), il est possible de commencer par Tottori, célèbre pour ses dunes:
Un petit peu plus à l'ouest se trouve Hamasaka et ses fameux crabes:
À proximité vient la petite ville de Toyooka avec ses cigognes (visiblement, la légende alsacienne est universelle):
Et encore un peu plus loin, la station thermale de Kinosaki-Onsen est assez réputée:
Pour des questions de temps et de transport, il n'a pas été possible d'explorer chacune de ces étapes. Mais Kinosaki-Onsen est assez facile d'accès et la promenade y est agréable. Les onsens sont des sources d'eau chaude d'origine volcanique. La station thermale est ainsi parsemée de fontaines aux multiples vertus:
Les visiteurs de passage peuvent profiter d'un bain de pieds le long des rues:
Certains curistes effectuent des séjours plus longs et déambulent en yukata entre les sources:
Tout cela contribue à donner à Kinosaki-Onsen un petit côté hors du temps, plutôt plaisant. Et c'est dans les petits détails que se révèle le raffinement de la ville. L'habitat s'étend le long d'une petite rivière, qu'enjambent plusieurs ponts:
La décoration fleurie des ponts fait écho aux lampadaires, au design très recherché:
Du côté de Toyooka, la balade a un peu moins de charme... Tout de même, au détour d'une rue, ce sanctuaire rutilant vaut le coup d’œil:
Mais il faut croire que tous les habitants étaient partie faire trempette à Kinosaki-Onsen, car les rues étaient désertes. Pas âme qui vive, pas même une cigogne, comme la plaque le laissait espérer! L'étape a donc été courte, ce qui a permis de rajouter une escale à Hamasaka. La ville étant située en bord de mer (hama signifie "plage"), c'est l'occasion d'aller faire un petit tour sur la côte:
Le côté sauvage de cette plage est un peu atténué par les nombreux brise-lames qui barrent la vue. Au cas où ces ouvrages de béton ne suffiraient pas, 2 petits Jizōs veillent sur la sécurité des visiteurs:
En plein hiver, ils ne sont pas débordés de travail; en revanche, ils sont bien couverts pour lutter contre le vent et le froid. Ce climat un peu rude est néanmoins favorable à la pêche, qui semble presque miraculeuse. Les poissons sont ensuite accrochés à une grille, puis vendus séchés:
Mais le produit phare de la région est le crabe:
En raison de ses longues pattes (c'est la partie comestible, donc ça vaut le coup), il est surnommé "araignée de mer". Le prix semble plutôt rédhibitoire, mais c'est pourtant la gloire des restaurants:
Le séjour dans la région était malheureusement trop court pour en voir davantage... En particulier, les dunes de Tottori, difficiles d'accès (bus aux horaires contraignants), sont restées un beau rêve... Pour une prochaine fois peut-être?
Un livre:
Kyōtarō Nishimura, Les dunes de Tottori, 1982: un roman policier à l'ambiance ferroviaire, où les dunes restent (encore) inaccessibles!