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dimanche 3 mai 2020

Utsunomiya, ville des gyōzas

La ville d'Utsunomiya constitue généralement une étape sur le chemin entre Tōkyō et des sites plus au nord, dont Nikkō ou... Fukushima. Pour Fukushima, Utsunomiya n'est la plupart du temps qu'un arrêt du Shinkansen, mais pour Nikkō, c'est une gare de correspondance. En conséquence, on ne fait souvent que passer par Utsunomiya, mais si on prend le temps de s'y arrêter un moment, on peut y faire quelques expériences intéressantes. Côté égouts, la plaque représente la spécialité de la ville, les fameux gyōzas:
Pour être tout à fait honnête, on trouve des gyōzas à peu près partout au Japon: ces espèces de gros raviolis, farcis à la viande ou aux légumes, sont souvent servis en entrée, à côté d'un plat principal. Mais cette plaque ne figure en réalité que dans une seule rue (la "rue du gyōza", où toutes les vitrines sont des restaurants de cette spécialité), le reste de la ville étant équipé de plaques plus ordinaires, avec des feuilles de ginkgo-biloba:
Une étape à Utsunomiya a été l'occasion de découvrir une ville à l'ambiance festive. Comme souvent au Japon, l'été est une saison rythmée par des festivals traditionnels, généralement clôturés par des feux d'artifice spectaculaires. Et c'est dans une ambiance conviviale et bon enfant que la fanfare a ouvert le défilé:
Différents groupes, de danseurs ou de musiciens, se sont ensuite succédé dans les rues de la ville. Et comme tout festival qui se respecte, la course virile de l'omikoshi est venue égayer le public, qui manifestement n'attendait que ça:
Si la portée de cette course m'échappe un peu, il faut tout de même admettre que c'est un rituel assez répandu au Japon, qui n'est pas le pays phare du féminisme. La ferveur de la foule permet cependant de se prendre au jeu et d'apprécier le moment. Ce festival n'est pourtant pas le plus réputé à Utsunomiya: la ville est connue pour être la capitale du jazz, en tant que lieu de naissance du saxophoniste Sadao Watanabe en 1933, et elle organise de nombreuses festivités sur ce thème. Mais le festival le plus populaire reste le Festival du Gyōza, le premier week-end de novembre. Bon, il faut pouvoir être là au bon moment, mais d'après ce qu'on m'a dit, ça en vaut la peine: on peut déguster tous les types de gyōzas imaginables (frits ou cuits à la vapeur), y compris des gyōzas au chocolat! J'imagine assez bien les qualités gustatives (et diététiques) du gyōza frit au chocolat... En attendant, il est impératif de savourer cette spécialité, au moins en version classique, avant de quitter la ville. Pour ne pas rentrer trop tard, j'ai acheté une portion pour dîner dans le train du soir pour Tōkyō:
Vu l'odeur qui embaumait la rame de Shinkansen, j'ai pu constater que nous étions nombreux à avoir eu la même idée pour le pique-nique!

vendredi 1 mai 2020

Akashi, ville du 135° méridien est

La ville d'Akashi est un point de repère important dans la géographie japonaise, à défaut d'être un endroit très célèbre dans le reste du monde, car c'est là que passe le 135° méridien est. Après tout, il existe une infinité de méridiens et de parallèles, et chaque ville a bien une latitude et une longitude propres. Mais comme chaque ville japonaise se doit d'avoir une spécialité, une mascotte et une plaque d'égout bien à elle, c'est le 135° méridien est qui fait la fierté d'Akashi:
La ville est ainsi appelée "shigosen no machi" sur sa plaque, soit "ville au méridien". C'est à partir de ce point de repère qu'est établie l'heure de l'archipel japonais. La commune est aussi proche de l'île d'Awaji, et on peut voir le pont qui les relie:
Une visite dans la ville d'Akashi suppose donc d'aller faire un tour au planétarium, qui est la principale attraction locale. Attraction d'autant plus intéressante qu'elle est en intérieur, et que j'ai débarqué à Akashi sous une météo resplendissante: déluge et canicule (oui, les 2 à la fois). Donc la perspective d'une visite au frais et au sec était plutôt alléchante... quitte à ne pas tout comprendre, car mon vocabulaire en japonais dans le domaine de l'astronomie est tout de même assez réduit. Me voici donc en route pour le planétarium, qui est exactement comme sa représentation sur la plaque, à l'exception de la carte du Japon flottant au-dessus:
Dès l'entrée, le planétarium met à l'honneur la plaque d'égout de la ville, avec un tampon et une carte à collectionner:
Malgré mes pieds trempés, la visite s'annonçait donc bien. Et puis, il faut bien le reconnaître, beaucoup de musées japonais sont conçus pour être accessibles aux enfants (et accessibles à tous, en fait); ce qui signifie que beaucoup de choses sont compréhensibles aussi pour les étrangers, même avec un vocabulaire limité. On peut donc apprendre toutes les phases de la Lune:
Une maquette permet aussi de comprendre l'organisation du système solaire:
Ici, ce sont la Terre et la Lune qui apparaissent dans la lumière du Soleil. Une manivelle permet de faire tourner l'ensemble des planètes, avec une graduation temporelle dessous, et ainsi de comprendre l'agencement des planètes. En plus de la dimension intellectuelle, il ne faut pas négliger l'exercice physique: il faut de bons biceps pour faire faire une révolution à la Terre! Un guide a expliqué à un groupe d'enfants le phénomène des éclipses grâce à cela. Même si les photos étaient prises en France et non au Japon, quelques mois plus tôt, j'avais sur mon téléphone les étapes de la dernière éclipse de Lune, que j'ai pu montrer au groupe pour illustrer l'explication:
Jusqu'ici, tout allait bien... Mais j'ai ensuite tenté de sortir du musée, et là, impossible. Les gardiens m'ont dit que le film allait commencer, et que ça aurait été trop dommage de rater ça. J'ai expliqué que si le film était en japonais, je risquais de ne rien comprendre, mais ils ont vraiment insisté et je n'ai pas pu sortir. Je suis allée jusqu'à me cacher aux toilettes au moment du démarrage du film, pensant pouvoir m'échapper dès que le film aurait commencé: en vain, une gardienne a compris mon stratagème, et elle m'a attendue à la sortie des toilettes pour m'accompagner dans la salle de projection (c'est-à-dire le dôme que l'on peut voir de l'extérieur). Bref, impossible d'esquiver. Je me suis ainsi retrouvée dans une salle pleine, essentiellement d'enfants, carnets à la main pour noter les informations, avec l'impression d'être la mauvaise élève (de loin la plus vieille, les mains dans les poches). Bon, plus le choix, j'allais voir le film. Et là, les fauteuils se sont inclinés, la lumière est devenue agréablement tamisée, une douce musique a remplacé les voix des enfants... et la projection a commencé. Mon évasion fut donc d'une autre nature: j'ai dormi profondément (il faut dire qu'il y avait tous les ingrédients). Je me suis réveillée à la fin, au moment du quiz, auquel on pouvait (devait?) répondre grâce à un boîtier sur l'accoudoir. Contre toute attente, j'ai répondu juste à quelques questions, sans même les comprendre. Par exemple: "de quelle matière est constituée la planète XXX [je n'ai pas compris le nom]? 1. de l'eau; 2. YYY [un mot que je n'ai pas compris non plus]; 3. du chocolat." J'ai coché la réponse 2, qui était la bonne réponse! Bon, on ne peut pas considérer que j'ai bien retenu la leçon, mais j'ai marqué des points quand même. La gardienne m'a félicitée pour mon score à la sortie, avec un mot gentil: "vous voyez, vous avez tout compris!" Oui, oui... Cela dit, je ne doute pas de la qualité du film, car toute la salle semblait ravie; à l'exception de quelques-uns qui dormaient encore au moment où les lumières se sont rallumées. En ressortant du planétarium, je suis repassée, dans l'autre sens, devant la maquette du système solaire, et j'ai vu que la plaque d'égout de la ville (version phosphorescente) était placée dessous, à la verticale du Soleil:
En fait, pour ceux qui ne le savaient pas, Akashi est le centre de l'univers!