Rechercher:

dimanche 14 octobre 2018

Naruto, ville au tourbillon

De retour après une longue absence... mais avec une bonne nouvelle: j'ai collecté plein de nouvelles plaques, dans des coins parfois peu fréquentés! Commençons par un endroit que seuls les passionnés d'océanographie doivent connaître: Naruto. En effet, Naruto doit sa renommée à ses fameux tourbillons, mis en valeur dès l'arrivée à la gare, sur les plaques:
D'ailleurs, la paresse et la chaleur pourraient inciter à se contenter des plaques, puisque le phénomène est très bien représenté dessus. Mais tout de même, après un trajet en train assez long, ce serait dommage de s'arrêter si près du but. Et puis le phénomène est, semble-t-il, très rare (à part ici, on ne peut l'observer qu'en Norvège, à Moskenstraumen dans les îles Lofoten, et à Old Sow, à la frontière entre les États-Unis et le Canada), et l'heure de la marée haute approche, donc la décision est prise: après une attente en plein soleil, c'est le départ en bus jusqu'au spot d'observation. Et là, on peut admirer exactement ce que montrent les plaques (sauf le poisson qui saute):
Il s'agit du pont Ōnaruto, qui relie Naruto à l'île voisine d'Awaji, et qui se poursuit ensuite jusqu'à Kōbe. Le détroit enjambé par ce pont est très étroit, à peine 1300 mètres, ce qui explique le phénomène du tourbillon. En fait, ce détroit marque la limite entre la mer Intérieure (à gauche sur la photo) et l'océan Pacifique (à droite). Les marées de ces 2 bassins maritimes ne sont pas tout à fait synchronisées, ce qui entraîne un décalage entre le niveau de la mer de part et d'autre; en conséquence, l'eau se déverse depuis le côté où la marée est la plus haute vers le côté où la marée est plus basse. La force de Coriolis forme alors ces tourbillons lorsque l'eau s'écoule, à la vitesse de 20 km/h environ (cette vitesse élevée est liée à l'étroitesse du détroit). Le phénomène se produit donc 2 fois par jour, au rythme des marées; et il est d'autant plus fort que l'amplitude des marées est importante, c'est-à-dire lors des marées d'équinoxe. Cependant, même lors d'une marée "normale", cela reste impressionnant. Naruto a su tirer profit de ce phénomène: la ville a mis en place de nombreux moyens pour venir observer les eaux déchaînées. Par exemple, des bateaux remplis de touristes s'approchent au plus près du cœur des tourbillons:
Avec moins de sensations mais sans doute une meilleure vue, le pont est accessible aux piétons et permet de surplomber les tourbillons à la verticale, à une quarantaine de mètres de hauteur:
Ces tourbillons peuvent atteindre 20 mètres de diamètre, pour 1,7 mètre de profondeur:
Toutes les autres installations (musée, restaurants, camping...) sont là pour glorifier les tourbillons et faire déambuler les touristes autour de cette attraction. Il faut noter tout de même que cette particularité locale a donné son nom à une spécialité culinaire (pas locale, d'ailleurs), le narutomaki:
Il s'agit du petit élément décoratif (mais comestible aussi), blanc et rose, qui accompagne généralement un bol de rāmen. Cette sorte de surimi, en forme de spirale, rappelle les tourbillons et signifie "rouleau de Naruto".

dimanche 24 juin 2018

Les plages du Grand Bleu

Karatsu, Itoshima, Yobuko... Voici des noms qui parlent peu, et pour cause: il s'agit de petites communes le long de la côte nord-ouest de Kyūshū. Pas l'endroit le plus fréquenté, c'est vrai. Mais comme l'été arrive, il est tentant de regarder du côté des plages. Les plaques de ces communes sont d'ailleurs très orientées vers la mer. Par exemple, la plaque de Karatsu montre les vagues et les pins (stylisés), visibles de la plage:
Pour l'anecdote, la plaque de Karatsu a été la toute première de ma collection; petite pensée émue. Du côté d'Itoshima, une plaque présente un épi de riz:
Plus localement, le quartier de Shima met en avant des paysages typiques du bord de mer:
Veuillez tourner la tête ou l'écran pour voir chaque scène. À Yobuko, ce sont un gigantesque pont et un banc de seiches qui ornent la plaque:
Bien sûr, ces sites ne sont pas particulièrement célèbres et visités des étrangers. Pourtant, ces plages se vantent d'un titre de gloire (Karatsu plus spécialement): c'est là que Jacques Mayol, héros du film Le grand bleu, aurait découvert sa passion pour la plongée, alors qu'il passait son enfance à Shanghaï, non loin de la région, dans les années 1930. Il paraît même que c'est là qu'il aurait rencontré un dauphin pour la première fois. Pour ma part, c'est là que je me suis baignée pour la première fois au Japon. Ce fut aussi le lieu d'une rencontre mémorable, mais moins fascinante: un banc de méduses. Après 3 minutes dans l'eau et 5 ou 6 piqûres, j'ai capitulé, sans avoir aperçu le moindre dauphin. Mieux vaut donc se promener dans cette petite ville, qui a beaucoup de charme. Par exemple, le château mérite le détour:
Ce château, surnommé Maizuru-Jō ("Château de la Grue Dansante"), date du XVII° siècle et doit son surnom à la forme de la forêt de pins dans laquelle il s'est implanté, posé sur une colline. La forêt a été largement transformée et réduite depuis, mais la colline est bien là. Du sommet du château, il est alors possible d'avoir une très belle vue sur la ville, la plage et les îles en face:
Cependant, comme la baignade n'est plus aussi recommandée que dans les années 1930, mieux vaut venir à Karatsu début novembre, lorsque se déroule le festival Karatsu Kunchi:
Il s'agit d'un défilé de 14 chars (ici l'orque à tête de tigre), tous plus lourds les uns que les autres, chacun représentant un quartier de la ville. Les habitants du quartier ont pour mission de tirer le char au son du pipeau, tandis que les habitants des quartiers adverses font du poids pour freiner la course. Ces festivals sont assez classiques au Japon, mais toujours surprenants pour des étrangers. Mais retrouvons un rythme plus calme pour aller jusqu'à Itoshima. Le rythme est d'autant plus calme que le train ne permet pas d'aller jusqu'à la plage, donc un partie du trajet à dû se faire à pied (avec pas mal de pauses pour les photos). Le site emblématique est le sanctuaire Sakurai sur la plage Futamigaura:
Le coup de maître consiste à admirer le coucher de soleil entre les rochers. Malheureusement, au bout de plusieurs heures de marche, j'ai eu tout le loisir de voir le ciel se couvrir et mes chances d'assister à un coucher de soleil acceptable disparaître. Pour le plaisir, voici quand même un joli coucher de soleil sur une plage voisine, capté quelques jours plus tôt:
Poursuivons maintenant jusqu'à Yobuko. Comme l'annonce la plaque, un immense pont est immédiatement visible:
Mais surtout, lorsqu'on entre un peu plus dans la ville, on voit que c'est la baleine qui est représentée partout. En effet, la côte se trouve le long du trajet des baleines, et c'est donc un bon spot d'observation. Du coup, tout est décliné sur le thème de la baleine. Par exemple, les bateaux qui permettent d'explorer le littoral sont en forme de baleine (pour ne pas effrayer les vraies, sans doute):
Et la nature fait terriblement bien les choses, puisqu'une île a même une forme de baleine:
Bien sûr, ce n'était pas la saison pour voir les baleines, donc l'exploration s'est limitée à la côte, qui, ceci dit, présente des grottes assez impressionnantes:
Pour les baleines, il faudra croire la publicité sur parole. En revanche, l'autre argument de la plaque est la seiche, qui semble abondante dans les eaux du coin. Et là, il semble que cette denrée soit effectivement très présente, car des petits séchoirs à seiches tournent à tous les carrefours:
Une fois séchée, la seiche se consomme en apéritif, et se présente comme des petites ficelles. Mais lorsqu'on est à Yobuko, on peut rapporter de la seiche séchée en souvenir, mais il est de bon ton d'aller déguster de la seiche fraîche au restaurant. Le restaurant le plus fameux est situé sous l'eau, afin de voir nager au-dessus de sa tête les amies de celle que l'on est en train de manger. Mais à moins de réserver plusieurs mois à l'avance, impossible de trouver une place. Heureusement, d'autres enseignes, moins prestigieuses (et moins chères) proposent le même menu, dans un cadre plus traditionnel. Voici donc le menu:
Vous avez l'impression qu'elles vous regardent? Eh bien c'est le cas; d'ailleurs, elles remuent encore!