L'île d'Amami appartient à la préfecture de Kagoshima, mais se trouve dans le prolongement de l'archipel d'Okinawa. Cette île à l'ambiance tropicale affiche au centre de son village principal, Naze, ses plus beaux arguments:
Si cette première plaque est plutôt facile à trouver, disposée en de multiples exemplaires dans le village principal, il existe une autre plaque, beaucoup plus rare et beaucoup plus éloignée des zones de passage:
Pour être tout à fait honnête, je me suis renseignée à l'avance auprès de la mairie d'Amami sur la localisation de cette dernière plaque, aperçue sur Instagram, mais apparemment bien cachée. Un employé de la mairie a eu la gentillesse de répondre à mon improbable message et de m'indiquer la géolocalisation de cette plaque (si jamais il lit cet article: grand merci!): limitée à une petite rue longeant une école du village de Kasari, à la pointe nord de l'île. Bon, le village de Naze, où je compte m'installer, n'est pas vraiment à côté... Mais bonne nouvelle: le petit hôtel dans lequel j'ai réservé une chambre propose une location de vélo à la journée. Mon programme est alors établi: je vais louer un vélo et faire un périple à travers l'île jusqu'à la plaque à la tortue tant convoitée! C'est l'occasion de découvrir les paysages à mon rythme. Et puis, dès l'aéroport, on trouve des cartes "Amami à vélo": c'est donc faisable, non? Enfin, dit comme ça, le projet semble bien; dans la pratique, il faut prendre en compte quelques éléments complémentaires... Peu avant l'atterrissage, on découvre à quoi ressemble Amami; les couleurs évoquent bien le côté tropical (donc chaud):
Et lorsque l'avion est vraiment en phase d'approche, je réalise un autre petit détail... C'est pas plat:
Mais rien ne peut alors entamer ma motivation. Le matin, à 7h30, je me présente à l'accueil pour louer un vélo. Le prix est incitatif, à 500¥ la journée (soit environ 3,5€). Bien sûr, à ce prix, il ne faut pas s'attendre à un vélo de compétition. Voici l'engin qui m'a accompagnée:
J'aime bien cette photo, avec le vélo vintage, la plage et la forêt tropicale: cela me semble un bon résumé de mon passage sur l'île, dans tout son charme et toute sa douleur aussi. Précisons que ce vélo n'a pas de vitesses, que la selle est trop basse pour moi (et trop rouillée pour être remontée), et qu'il grince un peu. C'est donc avec un enthousiasme certain et un équipement douteux que je me lance. Le début est tranquille: les alentours de Naze sont presque plats, et le ciel légèrement voilé. Le charme désuet de l'île se manifeste dès le port et ses vieux bateaux à quai:
Dès la sortie du village, l'ambiance devient plus rurale avec un verger de papayers:
Rapidement, le ciel s'est dégagé et la température a grimpé de quelques degrés. Parallèlement, le trajet est devenu moins plat. Heureusement, j'ai pris soin de repérer quelques étapes intéressantes pour m'arrêter. Pour commencer, il y a le Heart-Rock. Il s'agit de rochers en forme de cœur, recouverts à marée haute, mais qui retiennent l'eau à marée basse, formant ainsi une petite piscine en cœur. N'ayant aucune idée des horaires des marées, je m'arrête le matin (si nécessaire, je peux revenir sur le trajet retour). Après m'être égarée sur un mauvais chemin, je finis par suivre une famille venue se prendre en photo devant ce spot. Pour l'atteindre, il faut traverser, sur quelques dizaines de mètres, une sorte de jungle:
La densité de la végétation ne laisse pas trop imaginer ce que l'on trouve à la sortie: une plage ensoleillée avec une eau turquoise. Le Heart-Rock est bien indiqué, quand bien même il serait difficile de ne pas le trouver:
Par chance, la marée est basse, permettant d'admirer ce lieu emblématique:
C'est vrai que le site est joli, et pas envahi de monde. Je profite un peu du moment, avant de poursuivre mon périple. La suite est plus difficile, avec plus de dénivelé et une chaleur de plus en plus étouffante. Les quelques (rares) cyclistes croisés semblent souffrir aussi. Au sommet d'une côte, il y en a un qui me lance: "je suis fatigué!" dans un éclat de rire. Après avoir atteint le point le plus au nord de mon itinéraire et découvert la fameuse plaque à la tortue, le trajet retour me semble insurmontable... L'île semble cependant équipée de kits de survie, puisqu'on trouve des distributeurs de boissons fraîches le long de la route au milieu de rien:
Mais dans mon état, j'ai préféré faire une vraie pause dans un petit café. Mon choix s'est porté sur un tout petit café, au bord de la route et surplombant la côte, avec un jardin rempli de fleurs tropicales (hibiscus, frangipaniers, bougainvilliers). Le café étant vide avant mon arrivée, j'ai trouvé la dame en train de jardiner. Lorsqu'elle m'a vue sur mon vélo (elle a vérifié qu'il y avait pas de moteur), elle a semblé étonnée et m'a demandé mon itinéraire. Et là, elle s'est figée: "même les montées?!" En effet, même les montées! Elle m'a alors installée à une table, et tandis que son mari me préparait une délicieuse boisson fraîche, elle est allée me chercher des petites lingettes rafraîchissantes. Je ne connaissais pas le principe, mais cela a sauvé ma journée. Elle m'a appliqué des lingettes sur la nuque et sur les cuisses; visiblement, mon apparence l'a un peu effrayée. Ces lingettes ont un pouvoir magique: cela donne vraiment la sensation de faire baisser la température du corps. En cas de coup de chaud, on se sent mieux instantanément et durablement. Comme ce couple a été adorable avec moi, je me permets de faire un peu de publicité pour leur café:
Pour ceux qui ont la chance d'aller à Amami, je vous recommande cette adresse! Je serais bien restée là des heures, à papoter avec eux, confortablement installée sur leur banquette (plus souple que la selle...), en écoutant des vieux rocks des années 1950... Mais je dois rentrer à Naze. Grâce au café frappé, aux lingettes et à leurs encouragements, j'ai retrouvé assez de force pour redémarrer. Sur leurs conseils, je me suis arrêtée à la plage Yoan, où l'on peut voir "parfois" des tortues marines:
La notion de "parfois" est assez extensible. En pratique, je n'ai vu aucune tortue; mais la plage est très belle, donc l'étape est plaisante. Il m'a fallu ensuite rentrer jusqu'à Naze:
En rendant mon vélo à 20h, un petit sentiment de satisfaction m'envahit: j'ai réussi à trouver les plaques convoitées, et j'ai découvert pas mal de sites que je ne connaissais pas. Il me restera de nombreux souvenirs gravés de cette excursion. Dans ma tête: de belles images, des ambiances chaleureuses (au sens propre comme au figuré), des rencontres sympas. Dans ma peau: le "bronzage Amami" (modèle breveté), avec marque du short sur les cuisses encore visible plus de 6 mois après et cloques sur les épaules... Bref, Amami, ça se vit!
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