Pour les amateurs de thé, ce qu'on appelle "thé de Kyōto" ou, d'un air plus savant, "thé d'Uji", ne vient pas exactement des villes de Kyōto ou d'Uji. Par définition, ce sont des villes, peu de produits agricoles viennent réellement de là... En réalité, le thé matcha, si réputé, vient en grande partie du village d'Ujitawara, non loin de là. Et les plaques ne sauraient mentir:
Il s'agit là probablement d'une des plus belles plaques du pays. Même Google est au courant, puisque la plaque, en tant que modèle unique et magnifique, est répertoriée sur Google Maps: elle se trouve ici. De façon simplifiée, on trouve une autre version dans toute le village:
Il s'agit là probablement d'une des plus belles plaques du pays. Même Google est au courant, puisque la plaque, en tant que modèle unique et magnifique, est répertoriée sur Google Maps: elle se trouve ici. De façon simplifiée, on trouve une autre version dans toute le village:
La cueillette du thé reste une activité traditionnelle et les plantations marquent le paysage. Les pentes des montagnes sont recouvertes de théiers:
Tout un système de câbles, de bâches et de ventilateurs permet aux feuilles de thé de se développer en contrôlant précisément les conditions d'hygrométrie et d'ensoleillement. En effet, on ne récolte pas un matcha d'excellence par hasard!
Mais Ujitawara recèle aussi un autre trésor: le temple Shōju-in, souvent qualifié de "temple le plus instagrammable de Kyōto". Un titre pareil, cela mérite une petite visite; mais vraiment, ça se mérite. Après avoir repéré l'endroit sur la carte, il m'a semblé sage de demander à l'office de tourisme comment s'y rendre. Et là, après un instant de stupeur, la dame a appelé un de ses collègues, pour m'annoncer en cœur: "on ne vous le conseille pas, c'est trop compliqué." Bon, il en faut un peu plus pour m'arrêter. Du coup, elle m'a indiqué l'itinéraire: un train local jusqu'à Uji, un bus municipal jusqu'à Ujitawara, puis un bus local (gratuit) jusqu'en bas du temple, puis 10 minutes de marche. Le tout avec un avertissement: "la fréquence du bus local est très faible, et en cas d'affluence, les habitants sont prioritaires sur les touristes." Dans l'hypothèse où ma motivation n'aurait pas encore disparu, elle m'a donné la fiche avec les horaires du bus local:
Avec toutes ces informations, plus le choix: il fallait y aller. C'est donc à l'aube que je suis partie, munie d'un appareil-photo à la batterie bien chargée. Train local, bus municipal: facile. Une fois à la station de bus local, une petite inquiétude: et si la foule se pressait dans le bus? J'ai été vite rassurée: grâce à cet horaire (très) matinal, et sans doute aussi grâce à la journée caniculaire, il y avait de la place dans le bus... en fait, j'étais la seule passagère. Le chauffeur a donc engagé la conversation, et au lieu de me déposer en bas du temple (avec une montée un peu raide, à pied, par 40°C), il a fait un détour pour me poser devant l'entrée du temple. Mieux, il m'a donné rendez-vous pour le trajet retour. Bref, comme souvent au Japon, ce qui s'annonce compliqué a priori se révèle finalement beaucoup plus simple dans la pratique. Ce temple, vieux de 800 ans mais régulièrement restauré, est particulièrement célèbre pour sa fenêtre Inome, "en forme de cœur":
Le cœur est un symbole traditionnellement utilisé au Japon en signe de porte-bonheur, sans la connotation sentimentale que nous pouvons lui accorder en Occident. Cette fenêtre, donnant sur un jardin japonais soigné, est surtout photographiée au printemps avec le cerisier fleuri à droite, en automne avec l'érable rougi à gauche, en hiver avec de la neige qui recouvre tout... mais là, il faudra se contenter de la végétation verdoyante estivale. De plus, il est préférable d'y aller dans l'après-midi, au moment où le soleil passe par la fenêtre et dessine un cœur sur le tatami. Là encore, il faudra se contenter d'une photo matinale, puisque le chauffeur du bus m'avait donné rendez-vous. Mais c'est déjà joli. Dans cette même pièce, le plafond est aussi remarquable, puisqu'il est recouvert de 160 peintures (un petit extrait seulement en photo):
La pièce n'est pas très grande, donc il n'est pas facile de prendre du recul, mais voici une photo pour donner une idée de l'agencement:
De l'autre côté du temple, un jardin très coloré permet de prolonger la promenade. Il est rempli d'innombrables fūrins, des clochettes de verre qui tintent avec le vent:
De minuscules Jizōs, tous plus mignons les uns que les autres, se cachent dans tous les recoins du jardin:
Comme on est au cœur des plantations de thé, la visite comprend aussi une dégustation de thé local, dans un petit pavillon avec vue sur le jardin:
C'est vrai que tout dans ce temple, et aux alentours, est plutôt photogénique. Mais c'est sur le spot le plus emblématique que l'on va rester pour des vœux de bonne année!
Avec toutes ces informations, plus le choix: il fallait y aller. C'est donc à l'aube que je suis partie, munie d'un appareil-photo à la batterie bien chargée. Train local, bus municipal: facile. Une fois à la station de bus local, une petite inquiétude: et si la foule se pressait dans le bus? J'ai été vite rassurée: grâce à cet horaire (très) matinal, et sans doute aussi grâce à la journée caniculaire, il y avait de la place dans le bus... en fait, j'étais la seule passagère. Le chauffeur a donc engagé la conversation, et au lieu de me déposer en bas du temple (avec une montée un peu raide, à pied, par 40°C), il a fait un détour pour me poser devant l'entrée du temple. Mieux, il m'a donné rendez-vous pour le trajet retour. Bref, comme souvent au Japon, ce qui s'annonce compliqué a priori se révèle finalement beaucoup plus simple dans la pratique. Ce temple, vieux de 800 ans mais régulièrement restauré, est particulièrement célèbre pour sa fenêtre Inome, "en forme de cœur":
Le cœur est un symbole traditionnellement utilisé au Japon en signe de porte-bonheur, sans la connotation sentimentale que nous pouvons lui accorder en Occident. Cette fenêtre, donnant sur un jardin japonais soigné, est surtout photographiée au printemps avec le cerisier fleuri à droite, en automne avec l'érable rougi à gauche, en hiver avec de la neige qui recouvre tout... mais là, il faudra se contenter de la végétation verdoyante estivale. De plus, il est préférable d'y aller dans l'après-midi, au moment où le soleil passe par la fenêtre et dessine un cœur sur le tatami. Là encore, il faudra se contenter d'une photo matinale, puisque le chauffeur du bus m'avait donné rendez-vous. Mais c'est déjà joli. Dans cette même pièce, le plafond est aussi remarquable, puisqu'il est recouvert de 160 peintures (un petit extrait seulement en photo):
La pièce n'est pas très grande, donc il n'est pas facile de prendre du recul, mais voici une photo pour donner une idée de l'agencement:
De l'autre côté du temple, un jardin très coloré permet de prolonger la promenade. Il est rempli d'innombrables fūrins, des clochettes de verre qui tintent avec le vent:
De minuscules Jizōs, tous plus mignons les uns que les autres, se cachent dans tous les recoins du jardin:
Comme on est au cœur des plantations de thé, la visite comprend aussi une dégustation de thé local, dans un petit pavillon avec vue sur le jardin:
C'est vrai que tout dans ce temple, et aux alentours, est plutôt photogénique. Mais c'est sur le spot le plus emblématique que l'on va rester pour des vœux de bonne année!