Si l'île de Naoshima, probablement la plus connue en la matière, a déjà fait l'objet d'un article, il faut tout de même savoir que plusieurs autres îles de la mer Intérieure sont à l'origine d'une manifestation artistique qui vaut le détour: la Triennale d'Art Contemporain. Cet événement a lieu tous les 3 ans (comme son nom l'indique) depuis 2010, et se tient sur 12 îles. C'est donc un phénomène plutôt récent, que j'ai eu la chance de découvrir pour la première fois en 2016. Malheureusement, pour ce qui est des égouts, la récolte n'est pas exceptionnelle... Et je dois admettre que je n'ai pu visiter que 5 des 12 îles; peut-être les 7 autres étaient-elles mieux fournies? Concrètement, je suis allée sur les 5 îles accessibles depuis les ports de Takamatsu (ville et plaques déjà vues ici; pour la peine, c'est du haut niveau) et Uno. En l'occurrence, c'est à Uno que se trouve le plus beau nouveau spécimen:
Outre Naoshima, les îles visitées sont: Shōdoshima, Teshima, Ogijima et Megijima. Histoire de ne pas rentrer totalement bredouille, j'ai quand même trouvé une vieille plaque à Ogijima:
Et voici une autre version à Megijima:
Mais pour bien se rendre compte du manque d'originalité en matière de plaques, voici un petit échantillon, à Ogijima:
Il faut reconnaître que c'est plutôt moche. Mais évidemment, il ne faut pas s'arrêter seulement aux égouts: les îles ont beaucoup de charme, et les expositions artistiques donnent un attrait supplémentaire à leur découverte. Il serait fastidieux (et impossible) d'exposer ici toutes les œuvres d'art rencontrées sur le parcours, c'est pourquoi un choix (totalement arbitraire) d'une oeuvre par île est réalisé; il appartient à chacun d'aller voir sur place pour compléter la liste... Pour reprendre à partir d'Uno, une sculpture nommée Chinu ("Dorade noire"), érigée par Yodogawa à partir de déchets ramassés sur terre et dans les rivières, trône sur le port:
De là, il est possible de prendre le bateau pour les différentes îles, très proches, qui participent à la Triennale:
Le fait de circuler en bateau donne aussi une autre approche de cette partie du territoire japonais. Prenons la direction de Shōdoshima. Le bateau qui mène à Shōdoshima est bien reconnaissable:
Il est sobrement décoré d'un panda géant, qui tient un rameau d'olivier. L'olivier est en effet l'arbre emblématique de l'île, et les oliveraies forment un paysage peu commun pour le Japon:
Cette spécialisation agricole vient du climat du coin, présenté comme méditerranéen (en plus humide selon moi). Grâce à cela, l'olive est déclinée sous toutes ses formes: olives d'apéritif (mais sucrées; contre toute attente, c'est plutôt bon), huile d'olive (pas testée en raison du tarif exorbitant), chocolat à l'olive (même cause, même conséquence)... Faute de mieux, voici l'expérience du jour, un improbable pop-corn à l'olive:
Autre curiosité locale, l'île est parsemée de petites figurines colorées dans ce style:
Mais cela ne fait pas vraiment partie des œuvres d'art... D'ailleurs, l'exploration artistique de Shōdoshima est un peu plus compliquée que d'autres îles, car les distances sont relativement longues. Mais on peut noter l'oeuvre surprenante de Pors & Rao, Someone's coming:
En photo, ce n'est pas très impressionnant, mais il faut l'expérimenter. Puisque cette réalisation se trouve près du port, poursuivons la "route" vers Teshima. Surnommée "île-poubelle" en raison de l'accumulation des déchets industriels des îles voisines, Teshima a su redorer son blason et propose aujourd'hui une image plus bucolique. Les jardins sont verdoyants et bien entretenus:
Côté artistique, certains vestiges industriels sont intégrés à des œuvres; mais mon coup de cœur va au café Il vento, de Tobias Rehberger (le vrai titre, en allemand, est beaucoup plus compliqué). Voici un aperçu d'une des pièces:
Il s'agit en réalité d'une maison abandonnée, reconvertie en café-musée. Les jeux sur les perspectives sont étonnants, et l'atmosphère y est reposante. Quelques détails ont sans doute accentué cette sensation de sérénité, comme la climatisation ou ce délicieux thé glacé à l'olive, offert par la maison:
En repartant de l'île, le trajet en bateau permet d'admirer quelques rizières en terrasse:
L'étape suivante nous porte jusqu'à Ogijima. Bon, là, il faut être honnête, il est difficile de ne sélectionner qu'une seule œuvre (d'un autre côté, personne ne m'a obligée); alors il va falloir tricher un tout petit peu... En effet, l'île présente une telle quantité de choses à voir, en dépit de sa petite taille, que le choix n'est pas aisé. Après une intense réflexion, voici The room inside of the room, d'Oscar Oiwa:
Et voici une autre version à Megijima:
Mais pour bien se rendre compte du manque d'originalité en matière de plaques, voici un petit échantillon, à Ogijima:
Il faut reconnaître que c'est plutôt moche. Mais évidemment, il ne faut pas s'arrêter seulement aux égouts: les îles ont beaucoup de charme, et les expositions artistiques donnent un attrait supplémentaire à leur découverte. Il serait fastidieux (et impossible) d'exposer ici toutes les œuvres d'art rencontrées sur le parcours, c'est pourquoi un choix (totalement arbitraire) d'une oeuvre par île est réalisé; il appartient à chacun d'aller voir sur place pour compléter la liste... Pour reprendre à partir d'Uno, une sculpture nommée Chinu ("Dorade noire"), érigée par Yodogawa à partir de déchets ramassés sur terre et dans les rivières, trône sur le port:
De là, il est possible de prendre le bateau pour les différentes îles, très proches, qui participent à la Triennale:
Le fait de circuler en bateau donne aussi une autre approche de cette partie du territoire japonais. Prenons la direction de Shōdoshima. Le bateau qui mène à Shōdoshima est bien reconnaissable:
Il est sobrement décoré d'un panda géant, qui tient un rameau d'olivier. L'olivier est en effet l'arbre emblématique de l'île, et les oliveraies forment un paysage peu commun pour le Japon:
Cette spécialisation agricole vient du climat du coin, présenté comme méditerranéen (en plus humide selon moi). Grâce à cela, l'olive est déclinée sous toutes ses formes: olives d'apéritif (mais sucrées; contre toute attente, c'est plutôt bon), huile d'olive (pas testée en raison du tarif exorbitant), chocolat à l'olive (même cause, même conséquence)... Faute de mieux, voici l'expérience du jour, un improbable pop-corn à l'olive:
Autre curiosité locale, l'île est parsemée de petites figurines colorées dans ce style:
Mais cela ne fait pas vraiment partie des œuvres d'art... D'ailleurs, l'exploration artistique de Shōdoshima est un peu plus compliquée que d'autres îles, car les distances sont relativement longues. Mais on peut noter l'oeuvre surprenante de Pors & Rao, Someone's coming:
En photo, ce n'est pas très impressionnant, mais il faut l'expérimenter. Puisque cette réalisation se trouve près du port, poursuivons la "route" vers Teshima. Surnommée "île-poubelle" en raison de l'accumulation des déchets industriels des îles voisines, Teshima a su redorer son blason et propose aujourd'hui une image plus bucolique. Les jardins sont verdoyants et bien entretenus:
Côté artistique, certains vestiges industriels sont intégrés à des œuvres; mais mon coup de cœur va au café Il vento, de Tobias Rehberger (le vrai titre, en allemand, est beaucoup plus compliqué). Voici un aperçu d'une des pièces:
Il s'agit en réalité d'une maison abandonnée, reconvertie en café-musée. Les jeux sur les perspectives sont étonnants, et l'atmosphère y est reposante. Quelques détails ont sans doute accentué cette sensation de sérénité, comme la climatisation ou ce délicieux thé glacé à l'olive, offert par la maison:
En repartant de l'île, le trajet en bateau permet d'admirer quelques rizières en terrasse:
L'étape suivante nous porte jusqu'à Ogijima. Bon, là, il faut être honnête, il est difficile de ne sélectionner qu'une seule œuvre (d'un autre côté, personne ne m'a obligée); alors il va falloir tricher un tout petit peu... En effet, l'île présente une telle quantité de choses à voir, en dépit de sa petite taille, que le choix n'est pas aisé. Après une intense réflexion, voici The room inside of the room, d'Oscar Oiwa:
Il s'agit d'un intérieur japonais traditionnel... mais sens dessus dessous. Qu'est-ce qui a été retourné: les murs, le sol, moi ou... la photo??? Cette œuvre se tient dans une maison abandonnée, reconvertie pour l'occasion. Une autre maison, elle aussi à l'abandon, a été transformée en kaléidoscope par Takeshi Kawashima. Mais pour ne pas dévoiler le mystère, voici seulement un aperçu des toilettes:
Sur un blog consacré aux égouts, à défaut de belles plaques, on a un autre maillon de la chaîne... Cela donne une petite idée du reste de la maison; petit bémol tout de même pour le papier-toilette, assez basique finalement. La promenade dans le petit village offre un joli panorama sur la mer Intérieure:
Et du coup, la photo permet d'apercevoir (au premier plan), les peintures de Rikuji Makabe, Wallalley (c'est la faute du cadrage). Ces murs peints se retrouvent à divers endroits sur l'île, et donnent une certaine harmonie au village. Par exemple, on regarde un jardin fleuri de lys, et hop, un mur peint derrière:
Le reste du temps, l'île est célèbre pour sa fabrique Onba (à la fois le nom de l'entreprise et de sa production: un genre de petit chariot) et ses Sakuranekos (littéralement les "chats fleurs de cerisier"). Une petite traduction est indispensable: l'onba est un véhicule non motorisé, à mi-chemin entre le caddie et le déambulateur; ce qui donne une estimation de la moyenne d'âge sur l'île. Quant aux chats, ils sont réputés être plus nombreux que les habitants, ce qui est un autre indicateur de la démographie locale. La visite de la fabrique Onba est assez intéressante:
On y trouve des onbas de tous les styles, c'est quasiment un accessoire de mode. En regardant mieux, on voit que des onbas sont garés devant quelques maisons, donnant une idée du taux d'occupation des logements (et, par déduction, du taux d'abandon aussi). Quant aux chats, une affiche explique le principe:
Les chats de l'île sont conduits chez un vétérinaire (je suppose), qui leur coupe le bout de l'oreille en forme de pétale de fleur de cerisier. C'est un signe distinctif pour les chats d'Ogijima (et probablement le seul intérêt: si cela apportait un bénéfice pour la santé des chats, ça se saurait dans un périmètre plus étendu):
Même si Ogijima montre de nombreux signes de déclin, l'île a beaucoup de charme et la population y est accueillante et chaleureuse. Un exemple: un groupe (plutôt jeune, d'ailleurs) organisait un grand barbecue près du port; lorsque je suis passée à côté, ils m'ont offert un splendide collier de fleurs (discret, cela va sans dire), que j'ai eu le droit de porter tout le reste de la journée. La dernière étape nous emmène à Megijima, juste à côté. Le dimanche en été, l'île est envahie par des familles qui profitent de la plage, non loin de Takamatsu; mieux veut prévoir un peu de souplesse pour les trajets en bateau, au cas où celui visé serait plein. Megijima a un autre titre de gloire: c'est l'île des ogres (onis). De petits ogres gentils sont là à chaque carrefour pour indiquer la direction de la grotte des ogres (plus méchants, eux):
À défaut de la vraie grotte, un peu trop loin compte tenu de la température, un peu trop haute, il est possible de visiter plusieurs Maisons d'ogres de Chaos Lounge:
Là aussi, il s'agit d'un moyen de reconquérir, sous forme artistique, des maisons abandonnées. Encore une fois, la sélection est rude, car la densité de choses à voir est incroyable. Mais comme ce n'est pas vraiment une œuvre d'art de la Triennale, mais bien une curiosité locale permanente, je ne résiste pas au plaisir de partager la sculpture la moins japonaise de la région:
Oui, c'est bien une copie de statue de l'île de Pâques qui trône à côté du port depuis 1996. Pour le reste de la visite, rien ne vaut l'expérience sur place, donc je n'en dirai pas plus... Mais il faut ensuite rentrer à Takamatsu, et là aussi, l'heure est à la fête. En effet, plusieurs œuvres sont exposées aussi dans la ville, notamment à proximité du port, comme Liminal air de Shinji Ōmaki:
Mais l'aspect sans doute le plus convivial se situe un peu plus loin, le long du port. Chaque soir, des festivités sont organisées, plus ou moins couleur locale là encore, comme ces danses hawaïennes:
Si le spectacle peut dérouter au début, il faut passer ce cap et se laisser porter par l'ambiance. On peut ensuite déguster un plat de yakisobas, mets souvent consommé dans ces soirées en extérieur:
Et là, on se retrouve plongé au cœur de la vie locale, avec ses loisirs associés aux soirées d'été. Et puis, comme toujours dans ces circonstances, on tombe forcément sur quelque chose d'inattendu:
Un talentueux artiste pastéquier (le néologisme est nécessaire: a-t-on déjà vu un sculpteur sur pastèque?) fait découvrir ses "travaux". Aucun doute, on est bien en immersion au cœur du Japon... Rendez-vous pour la prochaine édition de ce festival, en 2019!
Sur un blog consacré aux égouts, à défaut de belles plaques, on a un autre maillon de la chaîne... Cela donne une petite idée du reste de la maison; petit bémol tout de même pour le papier-toilette, assez basique finalement. La promenade dans le petit village offre un joli panorama sur la mer Intérieure:
Et du coup, la photo permet d'apercevoir (au premier plan), les peintures de Rikuji Makabe, Wallalley (c'est la faute du cadrage). Ces murs peints se retrouvent à divers endroits sur l'île, et donnent une certaine harmonie au village. Par exemple, on regarde un jardin fleuri de lys, et hop, un mur peint derrière:
Le reste du temps, l'île est célèbre pour sa fabrique Onba (à la fois le nom de l'entreprise et de sa production: un genre de petit chariot) et ses Sakuranekos (littéralement les "chats fleurs de cerisier"). Une petite traduction est indispensable: l'onba est un véhicule non motorisé, à mi-chemin entre le caddie et le déambulateur; ce qui donne une estimation de la moyenne d'âge sur l'île. Quant aux chats, ils sont réputés être plus nombreux que les habitants, ce qui est un autre indicateur de la démographie locale. La visite de la fabrique Onba est assez intéressante:
On y trouve des onbas de tous les styles, c'est quasiment un accessoire de mode. En regardant mieux, on voit que des onbas sont garés devant quelques maisons, donnant une idée du taux d'occupation des logements (et, par déduction, du taux d'abandon aussi). Quant aux chats, une affiche explique le principe:
Les chats de l'île sont conduits chez un vétérinaire (je suppose), qui leur coupe le bout de l'oreille en forme de pétale de fleur de cerisier. C'est un signe distinctif pour les chats d'Ogijima (et probablement le seul intérêt: si cela apportait un bénéfice pour la santé des chats, ça se saurait dans un périmètre plus étendu):
Même si Ogijima montre de nombreux signes de déclin, l'île a beaucoup de charme et la population y est accueillante et chaleureuse. Un exemple: un groupe (plutôt jeune, d'ailleurs) organisait un grand barbecue près du port; lorsque je suis passée à côté, ils m'ont offert un splendide collier de fleurs (discret, cela va sans dire), que j'ai eu le droit de porter tout le reste de la journée. La dernière étape nous emmène à Megijima, juste à côté. Le dimanche en été, l'île est envahie par des familles qui profitent de la plage, non loin de Takamatsu; mieux veut prévoir un peu de souplesse pour les trajets en bateau, au cas où celui visé serait plein. Megijima a un autre titre de gloire: c'est l'île des ogres (onis). De petits ogres gentils sont là à chaque carrefour pour indiquer la direction de la grotte des ogres (plus méchants, eux):
À défaut de la vraie grotte, un peu trop loin compte tenu de la température, un peu trop haute, il est possible de visiter plusieurs Maisons d'ogres de Chaos Lounge:
Là aussi, il s'agit d'un moyen de reconquérir, sous forme artistique, des maisons abandonnées. Encore une fois, la sélection est rude, car la densité de choses à voir est incroyable. Mais comme ce n'est pas vraiment une œuvre d'art de la Triennale, mais bien une curiosité locale permanente, je ne résiste pas au plaisir de partager la sculpture la moins japonaise de la région:
Oui, c'est bien une copie de statue de l'île de Pâques qui trône à côté du port depuis 1996. Pour le reste de la visite, rien ne vaut l'expérience sur place, donc je n'en dirai pas plus... Mais il faut ensuite rentrer à Takamatsu, et là aussi, l'heure est à la fête. En effet, plusieurs œuvres sont exposées aussi dans la ville, notamment à proximité du port, comme Liminal air de Shinji Ōmaki:
Mais l'aspect sans doute le plus convivial se situe un peu plus loin, le long du port. Chaque soir, des festivités sont organisées, plus ou moins couleur locale là encore, comme ces danses hawaïennes:
Si le spectacle peut dérouter au début, il faut passer ce cap et se laisser porter par l'ambiance. On peut ensuite déguster un plat de yakisobas, mets souvent consommé dans ces soirées en extérieur:
Et là, on se retrouve plongé au cœur de la vie locale, avec ses loisirs associés aux soirées d'été. Et puis, comme toujours dans ces circonstances, on tombe forcément sur quelque chose d'inattendu:
Un talentueux artiste pastéquier (le néologisme est nécessaire: a-t-on déjà vu un sculpteur sur pastèque?) fait découvrir ses "travaux". Aucun doute, on est bien en immersion au cœur du Japon... Rendez-vous pour la prochaine édition de ce festival, en 2019!