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samedi 21 février 2015

Miyajima, île sacrée

La petite île de Miyajima, au large de Hiroshima, dans la mer Intérieure, est un haut lieu touristique, pour les Japonais comme pour les étrangers. Il s'agit de l'une des 3 plus belles vues du pays (Nihon sankei), aux côtés de Matsushima et Amanohashidate; mais à la différence de ces derniers sites, et en particulier Amanohashidate, Miyajima est beaucoup plus facile d'accès, et fait donc partie des circuits touristiques classiques pour les Occidentaux, y compris lors de séjours assez courts. En effet, il suffit de prendre le Shinkansen jusqu'à Hiroshima, puis un train local (ou un tramway) sur quelques stations (tout est bien fléché), et la traversée en ferry dure ensuite 10 minutes. La première plaque intéressante se présente à la sortie du train local, donc pas encore sur l'île elle-même:
Vient ensuite la plaque de l'embarcadère, avec ses feuilles d'érable, emblématiques de l'île:
Sur l'île, les plaques ont un aspect plus rustique, avec simplement une feuille d'érable peinte de différentes couleurs:
À peine débarqué du ferry, se présente la rue Omotesandō: il s'agit de la rue centrale de Miyajima, conduisant du port jusqu'au sanctuaire Itsukushima. Comme son homonyme à Tōkyō, c'est une grande artère commerçante; mais cette fois-ci, il s'agit surtout de magasins de souvenirs pour les touristes:
Entre autres choses remarquables, on peut y trouver exposée la plus grande cuillère à riz du monde, en bois, longue de 7,7 mètres et lourde de 2,5 tonnes; assez pratique pour manger son bol de riz:
D'autres versions (plus petites et transportables) sont en vente dans les boutiques. Les Jizōs, très nombreux dans le temple Daishō-in, donnent aussi lieu à des produits dérivés:
Mais surtout, la spécialité de l'île est sans conteste le petit gâteau momiji, en forme de feuille d'érable (signification de momiji), fabriqué de façon tout à fait artisanale par ces machines à la vue des visiteurs:
À défaut d'un côté véritablement authentique et artisanal, ces petits gâteaux se déclinent dans des parfums qui peuvent satisfaire tous les goûts: matcha, pêche, chocolat, crème, azuki, et parfois même fromage ou algue! Rien de bien violent cela dit... Mais à tester, cela fait partie de la visite! Une fois hors de cette rue, l'atmosphère redevient plus calme. On peut alors croiser de nombreux daims qui se baladent librement sur toute l'île:
Attention, il ne faut pourtant pas se fier à cette apparence placide: si on a la bonne idée de sortir un gâteau momiji ou toute autre chose qui semble comestible (et un plan touristique peut sembler comestible aux yeux des daims), on a vite fait d'être poursuivi par une meute de daims affamés! Le moyen le plus efficace d'échapper à l'attaque des daims est probablement d'entreprendre l'ascension du mont Misen... Le point culminant de l'île n'est "que" à 535 mètres, mais la montée peut sembler interminable. Les panneaux indicatifs, qui informent sur les conditions requises (prévoir beaucoup, beaucoup d'eau), ne sont pas superflus. Au sommet, il est vrai que la vue sur les îles de la mer Intérieure est imprenable:
Mais honnêtement, sachant qu'il y a un téléphérique, je déconseille à quiconque de faire la montée à pied, du moins en été (la descente, passe encore)... Pour poursuivre la visite, il est agréable de se rendre ensuite au temple Daishō-in:
Bien que peu connu, ce temple, assez vaste, est plutôt rigolo, car il présente de très nombreux Jizōs, et des associations parfois iconoclastes. On peut ainsi se promener au milieu d'une forêt de Jizōs:
Mais les plus mignons sont les mini-Jizōs, parfois cachés derrière des arbres; le jeu consiste alors à débusquer le plus original. Voici un petit échantillon:
J'aime bien cette série de Jizōs sportifs, dans des positions improbables:
Encore plus inattendu, le Jizō déguisé en Samurai et celui au milieu des Tanukis ont de quoi surprendre:
Le temple rend aussi un bel hommage à la culture locale, la cuillère à riz, puisqu'elle sert de support pour les emas, les plaques en bois sur lesquelles sont inscrits les vœux des fidèles:
La raison pour laquelle il est bon de démarrer la visite par le mont Misen et le Daishō-in est de "garder le meilleur pour la fin", c'est-à-dire le sanctuaire Itsukushima, pour lequel tout le monde se presse. Les avantages sont nombreux: cela permet d'éviter la foule, souvent dense dans l'après-midi; et cela donne la possibilité d'admirer le coucher de soleil sur le site, ce qui n'a pas de prix. Le sanctuaire Itsukushima est un ensemble de bâtiments sur pilotis, d'un rouge écarlate:
À marée haute, le sanctuaire a ainsi les pieds dans l'eau; à marée basse, il est accessible au sol, à pieds secs. Lors de la fermeture, le soir, les prêtres s'occupent eux-mêmes de l'entretien des lieux:
Il faut tout de même veiller à ne pas trop attendre pour visiter les locaux: le sanctuaire ferme ses portes assez tôt. L'intérieur du bâtiment n'est pas tellement impressionnant: très ouvert, on devine l'essentiel de l'extérieur. En revanche, il permet des points de vue imprenables sur LE point le plus célèbre de l'île, le fameux torii:
Heureusement, même après la fermeture du sanctuaire, de nombreux endroits, le long des plages, permettent de profiter du torii, à marée haute ou basse, de jour ou avec le coucher du soleil. Il est donc possible de consommer une grande partie de sa carte-mémoire en mitraillant le monument, avec toutes les variantes possibles. Après une rude sélection (parmi quelques centaines de clichés en une dizaine de visites), voici un petit échantillon:
Pour ceux qui veulent s'attarder un peu au retour et goûter aux spécialités culinaires du coin, il faut savoir que l'ostréiculture est très développée dans la région:
Du coup, de nombreux restaurants proposent des plats à base d'huîtres, dont la taille est parfois saisissante:
Quand on sait que l'huître est l'aliment qui contient le plus d'iode, et que l'iode fixe la radioactivité, on peut avoir quelques doutes sur le fait d'installer des parcs à huîtres dans la baie d'Hiroshima... Par ailleurs, l'île de Miyajima étant sacrée, il est interdit d'y naître et d'y mourir. Pour les naissances, en principe, on peut voir venir à l'avance, donc il est facile d'éviter ce risque; pour les décès, malheureusement, on n'est pas à l'abri d'un accident (sur les pentes du mont Misen par exemple). Bref, je n'ai pas osé goûter les huîtres...